La claire fontaine | David Bosc

JUILLET 1873, Gustave Courbet passe la frontière franco-suisse ; c’est le début de son exil, souvent résumé en quelques lignes rapides dans les biographies officielles. David Bosc choisit quant à lui de débuter son roman à cet instant et d’évoquer la fin de la vie du peintre par une série de « tableaux » littéraires. Chaque chapitre semble en effet être une scène picturale, figée tout en suggérant le passé et l’avenir de ce temps arrêté. Courbet apparaît successivement peignant (de moins en moins au fil des pages), buvant du vin blanc (de plus en plus), se baignant dans tous les lacs de Suisse, se perdant à travers champs et bois, ou encore chantant. Malgré l’amertume que pourrait provoquer son exil et son procès, il demeure joyeux, bon compagnon ; c’est en tout cas ainsi que David Bosc invite le lecteur à percevoir le peintre : (trop) bon vivant, être libre et indépendant qui ne se veut pourtant pas en marge de la société, homme à la recherche d’une forme de communion avec la nature, omniprésente dans son œuvre (et donnant lieu à de très belles pages dans ce roman).

L’ambivalence du personnage ainsi représenté – peintre reconnu, mais à la recherche d’une compagnie plus populaire qu’aristocratique – se reflète dans le style adopté par David Bosc : usant d’un vocabulaire assez soutenu, d’un style élégant et évocateur (le plus souvent visuel, mais la synesthésie n’est jamais très loin), il n’hésite pas à surprendre le lecteur par une touche plus familière de temps à autre dans la narration. Le mélange des genres se manifeste également par l’alternance entre la narration et le commentaire, tout à fait passionnante : l’auteur ne se contente pas de raconter, il intervient dans le récit pour analyser l’un ou l’autre trait de caractère, parfois avec une comparaison avec d’autres artistes côtoyés par Courbet, comme Baudelaire.

Un roman superbement écrit.

La claire fontaine - David Bosc

La claire fontaine de David Bosc

Verdier (Lagrasse), 2013 – 1re publication

* Conseil et prêt de Marilyne *

12 commentaires:

  1. J'aime beaucoup la qualité des éditions Verdier. Voilà longtemps que je ne me suis pas plongée dans un de leurs bouquins !

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    1. Je les connais encore peu, mais cette première lecture est de bon augure, j'y reviendrai certainement.

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  2. Oh oui, belles écriture et évocation, et un excellent billet pour accompagner cette lecture. Très heureuse de ce plaisir de lecture partagé.

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    1. Merci encore pour ce plaisir partagé (et de m'avoir incitée sans le savoir à dépasser mon recul face à cette couverture jaune ;))

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  3. J'avais adoré ce texte moi aussi. Et je l'avais découvert, moi aussi, grâce à Marilyne.

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    1. Je me souviens de ton article et l'ai relu d'ailleurs : je te dois aussi cette découverte, par la confirmation de mon envie suscitée par ton article, alors merci.

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  4. Un très beau roman, en effet, tu en parles très bien !

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    1. Merci ! Finalement, comme toi, je ne me suis pas posé la question de la biographie ou du roman, seule comptait la beauté du texte.

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  5. J'ai écouté l'auteur récemment aux Assises Internationales du Roman, je pense que je lirai A la claire fontaine, et ce billet me le confirme !

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    1. J'aimerais entendre l'auteur au sujet de ce roman, ça doit être intéressant... Je te le conseille vivement en tout cas.

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  6. Je l'ai lu à l'occasion du prix biblioblog 2014 et je ne te dirai pas ce que j'en pense (car je n'ai pas le droit, avant la fin des votes du 9 juin : réponse donc après !)

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    1. J'attends impatiemment le 9 juin alors ! J'espère qu'il t'a plu...

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